L'interview | Jean-Yves Art

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Comment présenteriez-vous votre organisation en quelques mots ? En quoi consiste votre fonction? Quel est votre objectif?

La création du team « United Nations and International Organisations » (UNIO) au sein de Microsoft résulte d’une triple constatation. La première concerne la globalisation de défis sociétaux – non seulement ceux auxquels les objectifs de développement durable (ODD) ont vocation à répondre, mais aussi les défis soulevés par le déploiement des technologies numériques, tels que l’inclusion numérique, la cybersécurité et la protection des données. La deuxième constatation concerne la nécessité de rechercher des solutions globales à ces défis. C'est là que les organisations internationales ont un rôle à jouer notamment dans le cadre du Plan d’Action du Secrétaire Général des Nations Unies pour la Coopération Numérique. Enfin, le troisième point porte sur notre responsabilité sociétale, en tant qu’entreprise technologique, dans la poursuite et la mise en œuvre de solutions adéquates aux défis que j’ai cités.

Si les technologies que nous développons soulèvent de tels défis ou peuvent y apporter une réponse, fut-elle partielle, alors nous pensons qu’il nous incombe de contribuer à leur résolution. C'est pourquoi, le team UNIO à Genève a pour mission de faciliter la coopération entre Microsoft et les organisations internationales. Nous participons à la recherche et la mise en œuvre de solutions, identifions les opportunités de collaboration, créons des ponts entre les équipes et soutenons de manière active et continue notre coopération avec les organisations internationales et bien d'autres acteurs de la Genève internationale.  

 

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Parmi la concentration d'acteurs à Genève (OI, ONG, missions permanentes, universités et secteur privé), avec qui travaillez-vous et comment?

Nous collaborons avec tous les acteurs de la Genève internationale. Eu égard à la mission du team UNIO, nous travaillons directement avec plusieurs organisations internationales.  Nous avons conclu un partenariat avec le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme portant notamment sur l’utilisation des technologies numériques au service du respect des droits humains. Microsoft est également un membre de la coalition multipartite “ Partner2Connect " lancée par l’UIT en coopération avec le Bureau de l’Envoyé du Secrétaire Général de l'ONU pour les technologies, afin de promouvoir une connectivité efficace et la transition numérique à l’échelle globale. La poursuite de notre mission nous amène à coopérer également avec le Comité international de la Croix-Rouge, le Haut-Commissariat aux Réfugiés et l’Organisation Mondiale du Commerce (pour en citer quelques-unes). 

Nous contribuons aussi aux activités du CyberPeace Institute, une organisation non gouvernementale indépendante et neutre dont la mission est de garantir les droits des individus et des organisations à la sécurité, à la dignité et à l’équité dans le cyberespace et dont Microsoft est un membre fondateur. En partenariat avec d’autres organisations non gouvernementales, nous avons développé un programme visant à renforcer les capacités numériques de certaines missions permanentes. Le Graduate Institute est une institution académique avec laquelle nous travaillons régulièrement et nous espérons pouvoir élargir notre coopération. 

La nature, l’objet et l’ampleur de ces collaborations varient mais toutes relèvent de la volonté de travailler ensemble à la résolution des défis communs et, au-delà, de contribuer au rayonnement de la Genève internationale.

 

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Quelles sont les forces et les faiblesses de Genève en ce qui concerne le développement de votre activité?

Genève a des atouts uniques pour consolider sa position de centre de la coopération multilatérale et jouer un rôle majeur dans la gouvernance multipartite des défis globaux. Elle est le siège de 39 organisations internationales, de plus de 400 organisations non gouvernementales et compte près de 180 missions permanentes. Elle compte également des institutions académiques de renommée internationale. La présence de ces acteurs génère une intense activité de réflexion, d’échanges et d'initiatives multipartites pour répondre aux défis globaux. L'espace restreint de la Genève internationale facilite les rencontres bilatérales et multilatérales. Le développement de relations informelles qui s'y tiennent sont essentielles au maintien d’un dialogue fructueux entre ces acteurs. Dans ce contexte, j'ai la conviction qu'une augmentation du nombre d’acteurs du secteur privé à Genève serait positif. La présence de représentants du secteur privé dans d’autres capitales répond souvent au fait que les discussions qui y ont lieu et les mesures qui y sont adoptées ont un impact sur la stratégie et les activités des entreprises et qu’ils sont associés d’une manière ou d’une autre au processus de discussion et d’adoption de ces mesures.  

 

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A quoi devrait ressembler la gouvernance mondiale dans 20 à 30 ans?

Un approfondissement du multipartisme me parait souhaitable. Toutes les questions sociétales n’appellent pas une réponse multipartite et différents modèles de gouvernance multipartite peuvent coexister.  Ceci étant, des initiatives telles que l’Appel de Paris pour la confiance et la sécurité dans le cyberespace ou l’Appel de Christchurch pour la suppression des contenus terroristes et extrémistes violents en ligne constituent une référence intéressante. Grâce à elles, les gouvernements et les entreprises prennent des engagements concrets et complémentaires et invitent d'autres acteurs à s’y associer. La protection de l’environnement constitue également un domaine prioritaire d’action et de gouvernance conjointe des gouvernements, du secteur privé et de la société civile. Ces exemples sont à mes yeux un modèle de gouvernance multipartite. L’une des questions qu’une telle évolution soulève concerne le rôle des organisations internationales dans cette gouvernance – elles peuvent en être le déclencheur, le moteur, l’accompagnateur, le cadre… Le risque de fragmentation des relations, à tous les niveaux d’organisation de la société, constitue aujourd’hui une préoccupation majeure mais, s’agissant des relations entre Etats, elle offre aussi une opportunité aux organisations internationales basées à Genève. Leur capacité à embrasser et étendre des initiatives multipartites de portée plus restreinte – telle que l’Appel de Paris ou l’Appel de Christchurch – constituerait un réel succès. 

 

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Quelle question auriez-vous aimé que l'on vous pose?

La question qui constitue la suite naturelle de notre échange, à savoir : comment le multipartisme peut-il progresser à Genève ? C’est une question complexe, qui invite à une réflexion commune sur des développements tels que le risque de fragmentation que j’évoquais plus tôt, les avantages et les inconvénients du multipartisme – y compris la responsabilité sociétale des diverses catégories d’acteurs – et le processus à travers lequel le multipartisme pourrait évoluer. C’est aussi une question dont la réponse appelle, me semble-t-il, patience, inclusivité, humilité et empathie. 

 

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