L'oeil de la Genève Internationale
September 2016
Fondée à Genève en 2011, l'organisation Global Initiative against Transnational Organized Crime (GITOC) est un centre de recherche et groupe de réflexion sur la lutte contre la criminalité organisée. Constitué d'un réseau de plus de 150 décideurs politiques, représentants des forces de l'ordre, humanitaires et spécialistes du développement, le GITOC mène des travaux de recherche et facilite le dialogue entre experts dans le but de renforcer les approches multisectorielles pour combattre ce fléau et atténuer ses effets nocifs.
Le 24 août dernier, après plus de cinquante ans de conflit et trois ans de négociations, le gouvernement colombien et les rebelles des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) sont arrivés à un accord de paix. Afin de fournir les bases nécessaires pour la période suivant l'accord de paix, le GITOC et le Geneva Peacebuilding Plateform ont organisé conjointement un colloque sur le thème : « Processus de paix avec les FARC: un nouveau chapitre dans l'histoire du crime et de la violence en Colombie ? »
Selon le GITOC, « Si l'accord de paix met fin à la violence politique des FARC, l'économie criminelle n'est pas pour autant vouée à disparaître; contrôlée par les rebelles, elle leur rapporte environ un milliard de dollars par an. Les FARC sont fortement impliquées dans le commerce de la drogue et contrôlent jusqu'à 70 % de la production de coca dans le pays, dont la valeur totale atteint des milliards de dollars, ainsi que des exploitations minières illégales et divers rackets ».
Jeremy McDermott, directeur d'Insight Crime, un observatoire de la criminalité organisée sur le continent américain, a exposé les conséquences probables de cette mutation de l'économie criminelle. Selon lui, « L'accord de paix aura un effet certain sur les industries illégales en Colombie : à l'heure actuelle, des acteurs criminels se positionnent pour reprendre les sources de revenu des FARC ». Il a également mis en garde ses auditeurs: « Certains éléments parmi les rebelles sont susceptibles d'opter pour la criminalité et de se mettre à leur propre compte. La criminalité risque d'augmenter et non de baisser en raison de la concurrence entre eux ».
Le GITOC publiera un rapport complet à mi-octobre sur son site Internet, sous le titre « Post-Peace: Colombia's Changing Criminal Landscape ».
En mai 2016, le photographe documentaire, internationalement reconnu, Federico Rios part en reportage parmi les FARC. Cette photo a été prise lors de l'anniversaire du leader des forces rebelles. Dans la revue British Journal of Photography, Rios explique : « Ce groupe est présent presque partout en Colombie. Issus de toutes les ethnies et de tous les milieux - agriculteurs, professeurs, indigènes, afro-américains ou encore mestizos -, les rebelles connaissent la jungle comme leur poche. Les femmes constituent 40 % des FARC ». Le travail de Federico Rios porte sur les questions sociales en Amérique latine. Il est membre du collectif Colectivo +1 et fait partie du comité de sélection de @everydaymacondo sur Instagram.