L'interview | Ricardo Baptista Leite
Comment présenteriez-vous votre organisation en quelques mots ? En quoi consiste votre fonction ? Quel est votre objectif ? |
HealthAI – The Global Agency for Responsible AI in Health est une organisation à but non lucratif ayant son siège à Genève qui collabore avec les États, les autorités de réglementation et les agences multilatérales dans le domaine des technologies d'intelligence artificielle (IA) appliquées à la santé. Notre mission est de soutenir le développement et l'adoption de politiques et de solutions responsables qui promeuvent l'équité et l'inclusivité en matière de santé et de bien-être, pour tous et dans le monde entier.
Nous visons à garantir l’accès à des outils IA sûrs, de qualité, équitables et efficaces pour tous dans le domaine de la santé. En tant que Directeur de HealthAI, et avec le soutien précieux de notre conseil d'administration et d’une équipe d'experts en santé et en technologie, j’aide à définir la vision et la mission de l'organisation et j’assure que toutes les voix sont prises en compte dans le développement de politiques concernant l'IA pour la santé. Je mène aussi des actions de plaidoyer pour une utilisation responsable de l'IA et je m’efforce de créer un environnement qui favorise la collaboration entre les parties prenantes qui, comme nous, s'engagent pour améliorer la santé publique par le biais des nouvelles technologies. Notre mission, c’est de bâtir un avenir plus sain pour les patients et les familles du monde entier. L'IA peut sauver des vies, nous le savons. Pour cela, il faut simplement mettre en place les bons cadres réglementaires (et le bon écosystème).
Parmi la concentration d'acteurs à Genève (OI, ONG, missions permanentes, universités et secteur privé), avec qui travaillez-vous et comment ? |
HealthAI fait le lien entre les organisations chargées de définir des lignes directrices et des normes à l'échelle mondiale, telles que l'Organisation mondiale de la santé, et les autorités réglementaires nationales et régionales responsables pour leur mise en œuvre. Nous collaborons avec de nombreux partenaires – organisations internationales, ONG, associations de patients, universités, acteurs du secteur privé – pour développer des stratégies, partager des connaissances et promouvoir une utilisation responsable de l'IA au sein des systèmes de santé à l’échelle mondiale. Afin de faciliter cette collaboration, nous avons mis sur pied une « Communauté de pratique HealthAI » à laquelle tout organisme intéressé peut postuler via notre site Web. Nous jouons également un rôle de conseiller technique auprès des États et des autorités réglementaires : par le biais du « Réseau mondial de réglementation » que nous sommes en train de développer en partenariat avec les États, nous les aidons à adapter les lignes directrices et les normes internationales, afin d'assurer un accès équitable à des solutions IA sûres et efficaces.
Quelles sont les forces et les faiblesses de Genève en ce qui concerne le développement de votre activité ? |
Genève, de part de son statut de pôle stratégique de la diplomatie mondiale, constitue une porte d'accès essentielle aux organismes internationaux et bénéficie en outre d'un écosystème dynamique dans les domaines de la santé et de la technologie. La présence d'un grand nombre d'organisations multilatérales spécialisées dans ces deux domaines, à commencer par l'Organisation mondiale de la santé, est un avantage majeur.
En ce qui concerne les faiblesses, je citerais le coût élevé de la vie et du travail et la difficulté à se faire entendre et connaître dans un environnement hautement concurrentiel et saturé.
À votre avis, à quoi devrait ressembler la gouvernance mondiale dans 20 ou 30 ans ? |
Dans les 20 à 30 prochaines années, la gouvernance mondiale devrait évoluer vers des formes de collaboration qui incluent les États, les autorités réglementaires, les scientifiques, et la société civile, notamment les associations de patients. Cet écosystème devrait exploiter l’immense potentiel de l'IA de manière responsable et équitable pour sauver des vies et améliorer le bien-être de tous. Pour ce faire, il faudrait que toutes les parties prenantes, des développeurs aux utilisateurs, adoptent des principes d'utilisation responsable dès le départ. C'est pourquoi nous sommes persuadés qu'il est essentiel d'impliquer le secteur privé dans cette réflexion, afin d’aligner leurs objectifs et l'intérêt public et renforcer la confiance et la coopération entre les parties prenantes. L'objectif est de construire un avenir où, en ce qui concerne la santé, les gens ont confiance en l'IA et l’utilisent de manière responsable, et que ces technologies soient accessibles à tous et adoptées de manière équitable par les divers pays, garantissant ainsi l'accès à la santé pour tous les citoyens et une amélioration universelle du niveau de santé. En d'autres termes, nous pensons que l'IA pourrait être un puissant levier de transformation permettant aux systèmes de santé, qui fonctionnent de manière essentiellement réactive face aux maladies, d’évoluer vers une approche de promotion de la qualité de vie et du bien-être. C'est là le cœur de notre mission, et il est grand temps d'unir nos efforts pour faire de cette vision une réalité.
Quelle question auriez-vous aimé qu'on vous pose ? Et qu'est-ce qui vous empêche de dormir la nuit ? |
Étant donné le battage médiatique actuel autour de l'IA, je crains que notre génération n'adhère pas pleinement à l'idée que, pour réussir ce virage vers le monde hautement technologique qui nous attend, la compassion, l'empathie et l'humain doivent être mis au centre. Accessoirement, la peur ne doit pas nous empêcher de tirer parti de l’immense potentiel de l'IA pour les patients, les familles, les professionnels de la santé et les économies locales. HealthAI se consacre précisément à relever ces défis, pour le bien de toute l'humanité. Rejoignez-nous pour cocréer cet avenir extraordinaire ensemble !