L'interview | Mary V. Harvey OLY

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Comment présenteriez-vous votre organisation en quelques mots? En quoi consiste votre fonction? Quel est votre objectif?

Le Centre pour le sport et les droits humains (Centre for Sport and Human Rights) a pour mission de promouvoir un sport pleinement respectueux des droits de l'homme à travers des activités de sensibilisation, d'éducation et de renforcement des capacités, ainsi que des actions collectives qui génèrent un fort impact. Nous promouvons notre charte, les « Sporting Chance Principles », auprès des parties prenantes et nous encourageons les divers acteurs de l’écosystème sportif à assumer leurs responsabilités en matière de droits humains. Nous nous focalisons en particulier sur les risques qu’entraîne le non-respect de ces droits dans le sport, au quotidien comme lors de grands événements sportifs. Il suffit d'ouvrir un journal pour se rendre compte que la question des droits humains est au cœur du sport : on pourrait citer le débat sur l'inclusion des sportifs transgenres, les allégations relatives aux décès d'ouvriers au Qatar, ou encore la controverse au sujet de la nouvelle Ligue de golf saoudienne (LIV).

J'ai rejoint le Centre en 2019 en tant que CEO. Je suis responsable de la direction stratégique du Centre, la coordination des délibérations de notre Comité consultatif, la gestion opérationnelle et financière, la coopération avec les parties prenantes et la gouvernance. Mon principal objectif est de renforcer l'impact du Centre et de consolider son assise financière.

 

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Parmi la concentration d'acteurs à Genève (OI, ONG, missions permanentes, universités et secteur privé), avec qui travaillez-vous et comment?

Nous travaillons avec tous les acteurs de l'écosystème sportif, c’est-à-dire les fédérations sportives internationales comme la FIFA, les États, dont la Suisse, des agences des Nations Unies comme le HCDH et l'OIT, des syndicats comme la CSI, des sponsors comme Coca-Cola et des diffuseurs comme Sky TV. Ces acteurs sont représentés au sein de notre Conseil consultatif et nous collaborons avec eux sur le plan structurel pour promouvoir le respect des droits humains dans le sport. D'une part, nous aidons les décideurs politiques et les organisations intergouvernementales à comprendre comment mieux protéger les droits  dans le sport et, d'autre part, nous aidons le monde du sport à comprendre comment intégrer le respect des droits humains dans leur gouvernance et leur fonctionnement. Nous aidons aussi les instances sportives à s'engager auprès des parties prenantes qui représentent les groupes les plus concernés. En collaboration avec cet écosystème, nous avons abordé entre autres la question de l'abus dans le sport, de la santé mentale et du bien-être des sportifs, de la protection des enfants, de la liberté d'expression et du « sportwashing ». Les méga-événements comme la Coupe du monde de football ou les Jeux olympiques présentent de nombreux défis : la protection des travailleurs, la liberté de la presse, la liberté d'expression des fans, etc.

 

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Quelles sont les forces et les faiblesses de Genève en ce qui concerne le développement de votre activité?

Genève n'a que des points forts ! Le Centre s’engage à appliquer des normes internationales en matière de droits humains dans ses activités – c'est l'un de nos principes fondateurs. Nous avons donc fait un choix stratégique en décidant de nous établir à Genève, la capitale des droits humains. C'est aussi le lieu idéal pour promouvoir un sport plus responsable, grâce à la présence de nombreux acteurs clés, notamment les fédérations sportives.

 

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Selon vous, à quoi devrait ressembler la gouvernance mondiale dans 20 à 30 ans?

J'espère que nous collaborerons de manière plus équitables et plus justes. Un engagement réellement multipartite est le seul moyen d’éliminer les inégalités auxquelles font face les pays du Sud. Il en va de même pour le sport : le facteur le plus important est sans doute d'intégrer le point de vue des personnes touchées par cette problématique.

 

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Quelle question auriez-vous aimé que l'on vous pose?

On me demande souvent s’il faudrait interdire à certains pays d'accueillir des grands événements sportifs. Or, le principe no. 10 de notre charte Sporting Chance stipule que les appels à candidature doivent être ouverts à tous. Cela dit, les instances sportives devraient définir des critères de sélection en matière de droits humains, comprenant une évaluation des risques menée en concertation avec les groupes concernés, une démarche d’identification des risques, des mesures de réduction continue des risques et, en dernier lieu, des mesures correctives en cas de dysfonctionnement. Si l’on intègre ces éléments dans le processus de sélection et qu’on les traduit en obligations contractuelles (dans les contrats avec la ville hôte, les fournisseurs, etc.) alors l'appel à candidature peut être ouvert à tous les candidats qui s'engagent à rigoureusement suivre cette démarche.

 

Biographie de Mary V. Harvey OLY

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