L'interview | Yao Ydo

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Comment présenteriez-vous votre organisation en quelques mots? En quoi consiste votre fonction? Quel est votre objectif? 

Le Bureau international d’Éducation (UNESCO-IBE) est un Institut de l’UNESCO, spécialiste des questions de curriculum. Nous travaillons aux côtés des États membres, pour renforcer leurs capacités à concevoir et à mettre en œuvre des programmes d’enseignement contextualisés, qui répondent aux aspirations nationales, tout en garantissant une éducation de qualité pour tous.

L’objectif principal de l’UNESCO-BIE est de devenir un Institut de référence mondiale en matière de production et de partage de savoir, d’assistance technique, de dialogue et de coopération sur le curriculum et les questions connexes.

Notre vision systémique et intersectorielle du curriculum promeut les compétences du 21ème siècle. Ainsi, nous prônons l’acquisition d’aptitudes transversales et l’intégration des sciences et des nouvelles technologies, pour que chaque apprenant ait les acquis nécessaires, pour s’engager pleinement dans les sociétés complexes et changeantes d'aujourd'hui. 

L’une de nos principales missions est d’assurer l’exécution de notre mandat renouvelé par l’UNESCO et de travailler de concert avec les Ministères en charge de l’Éducation, pour développer des offres éducatives, de qualité et inclusives, dans le cadre des réformes ou des ajustements curriculaires, nécessairement engagés dans les pays et sur la base des leçons tirées de l’impact de la Covid-19 sur les systèmes éducatifs.

 

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Parmi la concentration d'acteurs à Genève (OI, ONG, missions permanentes, universités et secteur privé), avec qui travaillez-vous et comment?

Le Bureau international d’Éducation a été créé en 1925, de la volonté d’éminents psychologues et pédagogues, dont plusieurs Genevois, de concevoir un centre d’excellence pour l’éducation comparée. Un lien naturel existe donc entre celui-ci et le biotope de Genève.

Dès ma prise de fonction, l’année dernière, nous avons organisé une réunion avec les décideurs, les représentants de plus de 10 autorités éducatives, les organisations multilatérales et les institutions académiques basées en Suisse. Il s’agissait de la première rencontre entre l’Institution et les partenaires de la Genève internationale depuis 2017. Une session qui fut introduite par S.E.M. Martin Michelet, alors Ambassadeur de la Suisse auprès de l’UNESCO. Se sont également joints à la discussion : la Direction du développement et de la coopération Suisse (DDC), la Mission permanente de la Suisse auprès de l’Office des Nations Unies à Genève, la Conférence suisse des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP), le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE), l’Université de Genève, NORRAG, ainsi que le Réseau Suisse Éducation et Coopération Internationale (RECI). Depuis lors, nous avons des contacts réguliers avec ces partenaires.

Par la suite, nous avons élargi notre partenariat au sein de la Genève internationale, en étroite collaboration avec le Bureau de liaison de l’UNESCO à Genève. Nous pouvons citer, entre autres, notre collaboration avec l’École internationale de Genève (Ecolint) pour la création d’un Programme d'apprentissage universel (ULP), notre entente avec l'équipe d’Education in Emergencies (EiE) de l'UNESCO pour le lancement du Geneva Global Hub for Education in Emergencies et nos liens étroits avec La Geneva School of Diplomacy and International Relations (GSD), le Cercle Diplomatique de Genève, le programme SYNI Lausanne et Graines de Paix.

Dans un tout autre registre, nous soutenons l’Université de Genève, dans le cadre de ses recherches sur le Bureau international d’Éducation de l’UNESCO et Jean Piaget, célèbre psychologue suisse et père fondateur de notre Institut. 

Enfin, le Bureau dispose, en son sein, d’un centre de documentation, qui met à disposition du public, des archives et des livres rares sur les contenus de l’éducation, les politiques éducatives, les processus de développement du curriculum et les méthodes d’enseignement. Un héritage d’exception et une véritable mine d’informations.

 

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 Quelles sont les forces et les faiblesses de Genève en ce qui concerne le développement de votre activité?

Tout d'abord, Genève est bien connue pour être une terre d'accueil pour les organisations internationales. Nombre d’acteurs qui œuvrent pour la coopération et le développement sont localisés dans cet écosystème. Genève incarne le côté humanitaire et international de la diplomatie multilatérale. Je dirais qu'elle est à l'avant-garde du "Soft power". Selon un célèbre adage: « les réflexions se mènent à Genève et les décisions se prennent à New York. »

L'éducation est largement reconnue comme étant un outil puissant du “Soft power”. La ville de Genève est une plateforme précieuse pour tisser des liens étroits avec d'autres Organisations internationales, ONG et associations du secteur éducatif.

Dans le cadre de la mise en œuvre de l’objectif de développement durable 4 (ODD4), l’UNESCO-BIE voudrait capitaliser sur le potentiel énorme qu’offre cet environnement. L’Institution renforce sa vision interdisciplinaire et intersectorielle de l’éducation, en partie, grâce à ce positionnement stratégique. C’est aussi, fort de cela, qu'elle continuera de réaffirmer son leadership en matière de curriculum au niveau global.

Genève reste une ville très attrayante et où il fait bon vivre, à ceci près que le coût élevé de la vie est souvent évoqué par les visiteurs, notamment ceux des pays en développement.
 

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A quoi devrait ressembler la gouvernance mondiale dans 20 à 30 ans?

Dans les 20 à 30 prochaines années, la gouvernance mondiale devra incarner deux valeurs principales : la coopération et l'innovation. À travers ces deux volets, les actions de cette future gouvernance devront faire ressortir et faire exister la tolérance, le vivre ensemble, la fraternité et la solidarité entre les peuples.

L’un des enseignements que l’on peut tirer de la Covid-19 est la relative importance des biens matériels en comparaison aux valeurs d’humanisme. La fragilité de nos systèmes, malgré leur complexité, a été criarde devant la solidité des liens entre les individus. Liens, d'ailleurs révélés par cette crise sanitaire mondiale, démontrant la symbiose existante entre les peuples. 

Des défis pour l’humanité, comme le changement climatique et l’accès à l'éducation, sont des questions mondiales qui nécessitent des solutions mondiales. Nous ne pouvons pas les aborder si nous ne travaillons pas ensemble avec diligence. Des mécanismes plus forts devraient être intégrés au système politique mondial, afin de rendre toutes les nations responsables de la résolution de ces challenges.

Par exemple, en matière de coopération, l’UNESCO a lancé en 2020 la Coalition mondiale pour l’éducation, une plateforme d’échange, visant à promouvoir le droit à l’éducation, pendant et après la pandémie de la Covid-19. Elle rassemble plus de 175 membres de la famille des Nations Unies, de la société civile, du monde universitaire et du secteur privé, afin de garantir la continuité pédagogique dans les moments de crise, comme celui que nous vivons actuellement.

En tant qu'Institut de catégorie 1 de l'UNESCO, l’UNESCO-BIE se doit d’être une référence en matière d'innovation curriculaire, en étant proactif et en explorant les nouvelles technologies et les tendances émergentes. À cet effet, nous avons lancé le projet "Enseignement, apprentissage et évaluation hybrides" qui s’appuie sur l’intégration et la complémentarité des enseignements présentiels et à distance. Nous prônons ces modes d’éducation hybride qui impliquent un dialogue renouvelé et une construction collective entre l'éducation et l’ensemble des politiques sociales. C’est là une formidable opportunité de repenser les relations entre les écoles, les enseignants, les élèves, les communautés et les familles, qui ont joué un rôle actif dans la gestion de cette crise. Nous posons, à travers ce modèle, une invitation à réfléchir à l'éducation d'aujourd'hui et de demain, mais aussi à établir durablement une citoyenneté globale, pour que les nouvelles générations puissent mieux se comprendre et gérer leur destin commun, tout en préservant l’environnement et la planète.
 

 

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