Du 6 au 30 mai, le Quai Wilson exposera le travail admirable de Giles Duley sur le handicap et les conflits armés. Présentée par l'Académie de droit international humanitaire et de droits humains à Genève, cette exposition est notamment soutenue par la République et canton de Genève, à travers le Fonds de solidarité internationale. Voici le texte et poignant témoignage, rapporté par Giles Duley, qui accompagnent cette image :
Kholoud. Liban et Hollande. 2014 - 2019
En 2013, à Mo'damiyat al sham, Syrie, Kholoud travaillait dans son jardin lorsqu'elle fut touchée dans le dos par la balle d’un sniper: "J'essayais de cultiver une petite parcelle de terre près de notre maison car nous ne pouvions plus avoir autant de légumes qu’avant’, dit-elle. ‘Je m'occupais des plantes avec mes quatre enfants et soudain une balle m'a touchée au cou, je suis tombée et ai perdu toute sensation. Je ne pouvais plus bouger.’
Après un traitement initial, Kholoud et sa famille ont réussi à quitter la Syrie et se sont retrouvés dans un camp informel de la vallée de la Bekaa au Liban, l'un des milliers de camps non officiels disséminés à travers le pays.
Bien qu’ils aient reçu des coupons de nourriture du HCR (Haut-Commissariat pour les Réfugiés des Nations Unies), ils avaient du mal à joindre les deux bouts. Son mari Jamal était son unique soignant. À l'époque, j’ai demandé à Kholoud: ‘Quel est ton espoir pour l'avenir?’ ‘Être une maman à nouveau’, ‘J'aimerais pouvoir bouger mes doigts parce que mon fils revient parfois avec des blessures et vient se poser à côté de moi. Il bouge ma main et met mes doigts sur sa blessure. J'aimerais pouvoir bouger mes doigts pour le toucher et lui donner l'impression que je sens cette blessure avec lui.’
Pendant deux ans et demi, Kholoud est restée alitée, enfermée dans la même pièce sans fenêtre. Elle a reçu un matelas gonflable, mais n'a pas pu suivre de physiothérapie régulière. Sans chaise roulante adaptée, elle n’a tout simplement pas pu quitter la tente.
En 2018, la famille a finalement été transférée en Hollande. Aujourd’hui, grâce notamment à la physiothérapie, une chambre bien à elle et un fauteuil roulant électrique, Kholoud a, selon ses propres mots, retrouvé sa ‘dignité et son indépendance.’