Discours prononcé par M. Antonio Hodgers, Conseiller d'Etat, lors de la fête de l'Escalade - 10 décembre 2014

«Au nom du Conseil d’Etat de la République et canton de Genève, je vous adresse mes remerciements pour votre présence, et plus particulièrement au directeur du CAGI, pour l’organisation de cette soirée. 

En dix-sept ans, l’objectif du Centre d’accueil – Genève internationale n’a pas changé: il facilite l’installation et l’intégration des fonctionnaires internationaux, membres des missions permanentes, consulats, entreprises multinationales, avec leurs familles. Il facilite aussi, depuis 2013, l’accueil des délégués et je m’en réjouis, car ils représentent un pan important de la Genève internationale. 

Enfin, le CAGI organise aussi des échanges culturels et sociaux entre la Genève internationale et la Genève locale, comme cette soirée en est une belle illustration. Ces échanges revêtent une grande importance, car ces deux univers, qui donnent parfois le sentiment de s’ignorer ou, du moins, de peu se connaître, dépendent en réalité très étroitement l’un de l’autre. La Genève internationale a en effet besoin de la confiance et du soutien du peuple genevois lorsqu’elle doit adapter ses structures ou ses bâtiments. Et la Genève locale, de son côté, ne serait ni aussi prospère, ni aussi riche culturellement et socialement sans ce fourmillement de la Genève internationale. Merci donc au CAGI de contribuer à ces rencontres fructueuses!

Vous le savez, les Genevois fêtent, ce 12 décembre, la victoire de la République face aux troupes du duc de Savoie. Notre peuple, comme de nombreux autres, a choisi une victoire militaire vieille de plus de 400 ans comme date de commémoration patriotique. 

Paradoxalement, ce choix illustre parfaitement la vocation pacifique et d’ouverture de Genève, et ceci pour au moins trois raisons. La première est que devoir remonter de quatre siècles pour évoquer un conflit armé démontre à quel point notre cité est peu familière avec le règlement guerrier des différends, lui préférant le pacifique. 

La deuxième raison est que parmi les victimes genevoises de l’Escalade – dix-huit personnes – qui ont donné leur vie pour la défense de la cité, la moitié n’étaient pas des bourgeois, ce qui illustre que déjà en 1602, Genève était une ville cosmopolite et que ses migrants s’engageaient fortement pour défendre l’indépendance de leur cité d’accueil. Par ailleurs, n’en déplaise à celles et ceux qui voudraient, là où l’on a dessiné la frontière entre Genève et la France, ériger un mur comme hélas le monde en connaît déjà trop, rappelons que six défenseurs de Genève tués ce soir-là étaient des Savoyards d’origine. C’est le Grand Genève qui a résisté aux attaques des mercenaires du duc de Savoie. 

Enfin, la troisième raison, tient au choix des armes. Alors que la communauté internationale doit aujourd’hui faire face aux risques d’armes chimiques et à la prolifération nucléaire, les Genevois ont choisi une marmite, un simple ustensile culinaire, comme symbole de leur victoire militaire. En effet, la marmite de chocolat qui se tient devant vous illustre «l’arme de destruction massive» avec laquelle les Genevois d’alors, et plus particulièrement la Mère Royaume au poing vigoureux, comme le dit la chanson, ont remporté leur victoire! Une Mère Royaume qui, soit dit en passant, était elle-même lyonnaise... Mesdames et Messieurs, n’ayez donc crainte: cette marmite est aujourd’hui le symbole, non pas de notre bellicisme, mais bien de notre ouverture et de nos liens avec le reste du monde. Vous n’êtes pas simplement ici «comme chez vous»: vous faites partie de l’essence même de Genève, comme son histoire le démontre. Je ne peux qu’inviter vos Etats à y rester pour les siècles à venir.»

Discours prononcé par M. Antonio Hodgers, Conseiller d'Etat, lors de la fête de l'Escalade - 10 décembre 2014

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